Après les soldats issus de l’ex-rébellion, ce sont maintenant les
soldats démobilisés de l’ex-rébellion qui réclament une part du gâteau… D’après le site d’information, Connection Ivoirienne, « au
moins cinq de ces ex-combattants ont été tués hier par les forces de
l’ordre à Bouaké. Les forces de l’ordre qui ont dispersé par des tirs
les ex-combattants démobilisés qui bloquaient depuis lundi l’entrée de
la ville. »
Un des manifestants, interrogé par le site ivoirien Lepointsur, raconte : « ils
ont commencé à nous lancer des gaz lacrymogènes pour nous disperser.
Quelques temps après, nous sommes revenus sur notre position. Et c’est à
cet instant-là, qu’ils ont à nouveau ouvert le feu. Certains parmi eux,
ont même lancé des grenades. Nos camarades ont voulu riposter en
récupérant une grenade. Mais la grenade a explosé dans leurs mains
faisant des victimes, notamment des morts. »
Rappelons que ces démobilisés, d’anciens rebelles non réintégrés à
l’armée, réclament à leur tour des primes. Environ 6 000 d’entre eux,
selon leur propre décompte, exigent chacun 18 millions de FCFA.
Dilatoire ?
« Ca ne finira donc jamais ? », s’alarme le site d’information Wakat Séra au Burkina. « Alors
que le président Ouattara croyait en avoir fini avec les anciens démons
de la rébellion, ce sont les démobilisés, qui avaient perçu moins d’un
million de francs CFA chacun et reçu une formation à un métier, qui ont
essayé de se faire entendre. Persuadés que les mêmes causes produisent
toujours les mêmes effets, et qu’ils pouvaient obtenir, sans coup férir,
les 18 millions pour chacun, les manifestants ont également pris en
otage le quotidien de leurs concitoyens. Mais mal leur en a pris. Ils
ont été assez rapidement et sans ménagements, contraints par les forces
de l’ordre, d’abandonner leurs rêves de millionnaires. »
« Ça se complique pour ADO », pointe également Le Pays. « Franchement, la Côte d’Ivoire a mal à son armée, soupire le journal. Et
comme pour ne rien arranger, les autorités ivoiriennes, plutôt que
d’apporter une thérapie de choc au mal, préfèrent faire dans le
dilatoire en résolvant au cas par cas les problèmes. Et à l’allure où
vont les choses, la Côte d’Ivoire (touchons du bois) n’est pas à
l’abri d’une nouvelle rébellion, surtout que se profile déjà à
l’horizon la présidentielle de 2020 qui cristallise toutes les
attentions. »
Réforme de l’armée ?
« Tout semble " gnagami " (" mélangé ", " gâté " en langue Dioula), renchérit Aujourd’hui. Aux
démobilisés, le gouvernement semble opposer la manière forte, avec en
sous-main des promesses moins concrètes : des projets d’emploi et des
forces de l’ordre en face. Peut-être que cela va briser la chaîne. Si le
gouvernement ne donne pas d’argent aux démobilisés, peut-être que les
autres militaires en fonction ne vont pas grogner et que les
fonctionnaires ne se feront pas non plus entendre. »
En tout cas, poursuis Aujourd’hui, « il faut essayer
d’avoir une lecture froide et trouver une solution définitive à ces
problèmes récurrents. Une réforme de l’armée ? Pourquoi pas ? Le pays ne
peut continuer à fonctionner ainsi. La sécurité est aujourd’hui un
ingrédient primordial au développement d’un pays. Si elle penche de
côté, la Côte d’Ivoire risque de sombrer. Et c’est certainement un tel
héritage que ne veut pas léguer Alassane Ouattara à la postérité. »
Fissures ?
En fait, souligne Ledjely.com en Guinée, « un
pays qui, comme la Côte d’Ivoire, sort d’une lancinante crise d’au
moins une dizaine d’années n’a pas à se contenter de la paix comme un
gadget. Le retour effectif à l’ordre et à la quiétude nécessite un
travail qui n’est ni superficiel, ni hâtif. Des aspects que les
nouvelles autorités en Côte d’Ivoire ne semblent pas avoir suffisamment
pris en compte, estime le site guinéen. La capture de Laurent
Gbagbo actée et son transfèrement à la Haye effectif, ADO et la
communauté internationale, estimant que la mission était accomplie, se
sont frotté les mains. Du lourd passif que le pays trainait, on s’est
très peu occupé. Dans le contexte de l’euphorie d’une victoire arrachée
de haute lutte, on a décidé de l’intégration d’une bonne partie des
rebelles, artisans de la victoire, dans l’armée régulière. Face à
l’opposition ainsi décapitée par l’absence de Laurent Gbagbo, le
pouvoir, porté par des indicateurs économiques exponentiels, n’a surtout
pas fait dans l’humilité. Avec le temps, la réalité reprend le dessus, soupire Ledjely.com. Les
bases étant aussi peu solides, l’édifice commence à se fissurer. Et si
rien n’est fait, le géant aux pieds d’argile qu’est la Côte d’Ivoire,
est parti pour s’écrouler. »
SOURCE :rfi
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