vendredi 28 octobre 2016

Nouvelle Constitution en Côte d’Ivoire : l’opposition entre boycott actif et passif

L'opposition ivoirienne a appelé au boycott du référendum sur la nouvelle Constitution qui doit avoir lieu le 30 octobre. Mais le mot d'ordre ne recouvre pas la même signification pour tout le monde. Décryptage.
Les opposants au projet de nouvelle Constitution sur lequel les Ivoiriens doivent se prononcer dimanche 30 novembre se divisent en deux camps. Il y a les partisans du boycott actif et ceux du boycott passif. La subtilité pourrait paraître futile à certains, elle fait pourtant office de véritable marqueur au sein de l’opposition ivoirienne.

Les partisans du boycott actif

Ils sont regroupés au sein du « Front du refus ». On retrouve notamment parmi eux la frange du Front populaire ivoirien dirigée par Aboudramane Sangaré, Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale, Danielle Boni Claverie (ancienne ministre et opposante), Gnangbo Kacou, député indépendant, et Kouadio Siméon.
Leur positionnement est le suivant : empêcher la tenue du référendum en demandant le retrait du projet de loi.
« Notre problème n’est pas de dire non. Ce texte doit être retiré. Ouattara triche dans les procédures, il triche dans les méthodes, il triche dans le fond, il triche dans les décomptes, il triche dans les résultats, il triche avec la Constitution, il triche avec la commission électorale », a lancé Mamadou Koulibaly lors d’un meeting, le 22 octobre, à Yopougon

Les partisans du boycott passif

L’Alliance des forces démocratiques de Côte d’Ivoire (AFD – qui regroupe une dizaine de partis politiques), emmené par Pascal Affi N’Guessan, le président officiel du FPI, appelle également au boycott du vote. Mais, contrairement aux partisans du boycott actif, ses membres n’appellent pas au retrait immédiat du texte.
« Il faut que les Ivoiriens réservent leur vote pour les élections législatives à venir. Nous les appelons à se mobiliser massivement pour porter au Parlement la majorité des députés, de manière à ce que le FPI et l’AFD-CI aient les moyens juridiques et politiques pour abroger ce qui va se passer le 30 octobre, et mettre en oeuvre un projet constitutionnel qui soit fondateur de la paix, de l’unité nationale, de la démocratie et du progrès économique et social », a déclaré Pascal Affi N’Guessan.

La référence historique

Le slogan boycott actif a été lancé pour la première fois lors de la présidentielle d’octobre 1995. À l’époque, le RDR d’Alassane Ouattara et le FPI de Laurent Gbagbo – tous deux empêchés de se présenter, s’allient pour former le Front républicain. Leur but : « Empêcher la tenue des élections par tous les moyens possibles ».
À la veille de l’élection, Louis Dacoury-Tabley, à l’époque membre éminent du FPI, déclare au quotidien La Voie : »Vous me demandez ce que doivent faire les démocrates et les républicains ? Je les regarde dans les yeux et je leur dis : ‘Vous devez empêcher les élections ! Vous devez empêcher ceux qui veulent vous empêcher d’agir ! Et soyez prêts pour le pays […]. Notre objectif à nous c’est d’empêcher les élections. […] Votre objectif, c’est de cibler les bureaux de vote et d’empêcher que les élections se déroulent. L’essentiel pour vous doit être le résultat’ […] ».
« L’opposition au scrutin fut violente, provoquant ainsi destructions de biens, pillages et morts. Les répercussions les plus graves se produisirent dans l’Ouest où les communautés baoulé « allogènes » furent victimes d’exactions. Dans certains quartiers d’Abidjan, les manifestants se livrèrent à toutes sortes de brutalités et terrorisèrent ceux qui auraient souhaité voter », rappelle la chercheuse Claudine Vidal dans son article « La brutalisation du champ politique ivoirien », paru en 2003.


SOURCE : JEUNE AFRIQUE

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