jeudi 22 décembre 2016

Syrie: Alep sur le point de revenir totalement sous contrôle de l'armée de Damas

Les derniers rebelles et civils qui souhaitaient quitter les quartiers est d’Alep devaient partir ce jeudi 22 décembre 2016 à l’aube. La ville passe maintenant sous le plein contrôle du gouvernement syrien, pour la première fois depuis 2012. Environ 30 000 personnes ont été évacuées en une semaine, selon la Croix-Rouge internationale. Une opération complexe, interrompue à deux reprises, et dont la dernière phase a été surveillée par des observateurs des Nations unies.
Le dernier convoi important, 20 bus transportant un millier de personnes, a quitté Alep mercredi après-midi sous la neige. Ne restait alors plus qu’un petit groupe de rebelles et de civils, qui devaient partir ce jeudi à l’aube. Mais selon notre correspondant régional, Paul Khalifeh, des soldats syriens ont commencé à pénétrer dans le réduit de 3 km2 pour prendre le contrôle de certains bâtiments officiels, avant même le départ de tous les insurgés.
Des familles, qui ont choisi de rester sur place, ont été prises en charge par des secouristes du Croissant-Rouge syrien. L’ancien fief rebelle sera interdit aux habitants de la ville jusqu’à la fin du ratissage et des opérations de déminage, menées avec l’aide d’artificiers de l’armée russe. Ce n’est que lorsque la zone sera déclarée sécurisée que les Aleppins pourront s’y rendre. C’est une question de jours.
Il est difficile de connaître le nombre exact de ceux qui sont restés dans l’ancien fief rebelle. Les chiffres varient entre 5 000 et 10 000. Mais le gros des habitants d’Alep-Est avait fui au début de l’offensive du régime, vers le quartier à majorité kurde de Cheikh Maksoud, au nord de la ville, ou vers les secteurs ouest, contrôlés par le gouvernement. Plus de 100 000 réfugiés internes.
« J’ai tout laissé derrière moi : vêtements, souvenirs, maison »
Ceux dont les maisons sont peu ou pas endommagées, sont retournés chez eux après la fin du déminage. Selon certaines informations, 6 000 jeunes appelés au service militaire seront incorporés dans l’armée. Quant à ceux qui sont partis, certains convois ont réussi à rejoindre la ville d’Idleb, toujours contrôlée par la rébellion. C'est ce que prévoyait un accord passé avec le régime Assad.
Même si ces civils laissent derrière eux une ville en ruines, beaucoup vivent cet exode forcé comme un déchirement. C'est le cas de Fadi al-Halabi, un jeune photoreporter militant de l’opposition. Il a collaboré avec l'Agence France-Presse. « Notre situation est difficile, très difficile, explique-t-il. Je suis parti d’Alep et j’ai tout laissé derrière moi : vêtements, souvenirs, maison... »
« Je suis parti avec la clé de ma maison dans ma poche. Mais je sais qu’il n’y a plus aucun espoir que je revienne un jour. Nous n’avons pas rencontré de problèmes en arrivant à Idleb. Au contraire, nous avons bien été accueillis. Mais maintenant, il va falloir trouver un appartement et payer un loyer », confie à RFI Fadi al-Halabi, dont les photos ont fait la Une de plusieurs médias ces derniers mois.
Vous savez, ce qui est arrivé à Alep est très dur, c’est indescriptible. Lorsque les soldats du régime ont su que j’étais un photoreporter, que j’étais un opposant et que je montrais au monde ce qu’il se passait, ils ont brûlé ma maison
Fadi al-Halabi, opposant syrien, photoreporter 22/12/2016 - par Sami Boukhelifa Écouter
Idleb, prochaine cible de l'armée de Damas et de ses alliés ?
La province d'Idleb est une zone stratégique qui pourrait constituer la prochaine cible d'envergure du régime syrien et de ses alliés russes et iraniens, considère Fabrice Balanche, expert de la Syrie auprès du Washington Institute. « Il y avait à peu près 50 000 combattants rebelles dans cette zone », rappelle-t-il à RFI. « Donc, ce sera à mon avis la prochaine grosse offensive. La question est de savoir quand. »
« L'armée syrienne a besoin de prendre un peu de repos. Il y a aussi des difficultés dans l’est du pays. Palmyre a été reprise par les jihadistes ; la ville de Deir Ezzor, encerclée par l’Etat islamique, inquiète le régime syrien. Donc, avant Idleb, ils peuvent essayer de sauver Deir Ezzor et reprendre Palmyre. Mais ce sera du détail. L’offensive majeure, ce sera contre Idleb. Et lorsque Idleb sera prise, ce sera vraiment la fin de la rébellion syrienne. »
En attendant, environ 30 000 personnes ont été évacuées au total, depuis jeudi dernier, du réduit rebelle d'Alep, d'après un nouveau bilan fourni par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) mercredi. Tous les blessés et les malades dans un état critique ont été évacués, souligne l'organisation. Le régime de Bachar el-Assad attend la fin des opérations pour annoncer ce qui sera sa plus grande victoire depuis le début de la guerre.







SOURCE :rfi

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