La non-participation du FPI aux prochaines législatives répond à une obligation de cohérence.
Mesdames et Messieurs les journalistes et animateurs des différents médias,
Je vous salue cordialement et vous remercie au nom du Président du
Front Populaire Ivoirien, le camarade Laurent GBAGBO dont, vous le savez
tous, l’intérim est assuré avec honneur et brio par le Gardien du
Temple, Abou Drahamane SANGARE.
Chers amis,
A vous qui nous faites constamment l’amitié de prendre notre lecture
de la vie politique, je voudrais dire que l’exercice de ce matin
consiste simplement pour le FPI, à affirmer et à démontrer notre
obligation de cohérence.
1.Cohérence et constance avec nous même, nos principes et notre
ligne, en rapport avec les critiques à l’encontre du jeu électoral que
nous formulons depuis 2011.
2.Cohérence et considération envers le peuple de Côte d’Ivoire qui
nous suit, approuve notre position et nous encourage en appliquant nos
mots d’ordre avec rigueur et foi en l’avenir.
3.Cohérence reconnue et confirmée enfin par l’arrêt historique de la
Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ; arrêt par lequel
l’Union Africaine dit que c’est le FPI qui a raison de dénoncer les
conditions iniques du système électoral en côte d’Ivoire.
Chers amis des médias, de quoi s’agit-il ?
Le Front Populaire Ivoirien (FPI) a choisi la voie de l’alternance au
pouvoir par les urnes. Il est avant tout, un Parti des élections. A ce
titre, il a toujours défendu et fait la promotion des principes
fondateurs de la démocratie. C’est pourquoi il est profondément attaché
au respect de ces principes. Dès lors, le FPI ne doit et ne peut
participer à des élections que lorsque celles-ci se conforment aux
principes démocratiques et constituent, de ce fait, une juste et saine
compétition.
L’épreuve des élections, pierre angulaire du système représentatif,
doit obéir à des règles qui garantissent le caractère démocratique du
scrutin : l’égalité des candidats, la transparence du vote, etc. Les
peuples ne parviennent à un tel résultat que par la lutte, comme en
témoigne la lutte du FPI et des autres démocrates ivoiriens, de 1990 à
2000, pour obtenir, entre autres, la Commission Électorale Indépendante
(CEI), le bulletin unique, le vote à 18 ans, la remise des procès
verbaux aux représentants des candidats, dans les bureaux de votes, dès
la fin du scrutin.
Le caractère complexe des sociétés impose toujours à la classe
politique, la nécessité de compromis et de consensus dans l’élaboration
de toutes les règles qui régissent les élections ; le but du compromis
et du consensus en cette matière étant toujours d’éviter les conflits.
Mais, lorsque la société se retrouve sous l’emprise de forces
antidémocratiques, les valeurs fondatrices de la démocratie sont
ignorées et les droits des citoyens sont piétinés.
En effet, si au cours d’un processus électoral, le citoyen n’est pas
en mesure d’exprimer librement sa volonté, parce que le système est
pervers et corrompu, la démocratie s’affaiblit. C’est ce qui arrive à la
Côte d’Ivoire depuis l’avènement au pouvoir par coup de force de
Monsieur Alassane Dramane Ouattara, le 11 avril 2011.
Depuis cette date, le pays est gouverné par un pouvoir autoritaire,
partisan de la force brutale, opposé à la démocratie et aux débats
d’idées. Largement minoritaire au sein de la société ivoirienne, ce
pouvoir est conscient de son illégitimité. De ce fait, il redoute de
véritables élections démocratiques. Le pouvoir Ouattara n’organise que
des semblants d’élections dont les résultats sont toujours décidés avant
le déroulement du scrutin.
N’ayant pas de véritable éducation politique, ni de culture
démocratique, encore moins le sens de l’Etat, les tenants actuels du
pouvoir cherchent à inculquer de force aux Ivoiriens, une attitude
d’acceptation passive et à leur imposer tout ce qu’ils leurs servent.
Aussi, le FPI se refuse-t-il de participer à n’importe quelle
élection pour servir de faire valoir à un régime à la recherche d’une
impossible légitimité.
Attaché à l’éthique démocratique, le FPI est contraint de se battre,
souvent seul, quelquefois avec d’autres forces politiques et sociales,
pour sauver les acquis des luttes du peuple ivoirien, pour des élections
libres, justes, transparentes et équitables. Depuis avril 2011, en
effet, Monsieur Ouattara, installé de force par les bombes des armées
françaises et onusiennes, tente par tous les moyens, de liquider ces
acquis.
Sur la base de ces considérations, le FPI refuse de cautionner le
faux et de trahir le peuple souverain de Côte d’Ivoire, en accompagnant
le régime Ouattara dans ses mascarades d’élections. Ces élections
mettent à nu la vraie nature de ce régime illégal, illégitime, violent
et manipulateur.
Aux différents appels du FPI, toutes les consultations organisées par
le régime Ouattara se sont soldées par des échecs cuisants à travers
les différents vrais taux de participation tels qu’indiqués ci-dessous :
•11 décembre 2011, les élections législatives : 15% ;
•21 avril 2013, les élections municipales, 13% et régionales, 15% ;
•En mars 2014, le recensement général de la population : 18% ;
•En juin 2015, la révision de la liste électorale : 10% ;
•25 octobre 2015, l’élection présidentielle : 11% ;
•30 octobre 2016, le référendum pour la constitution Ouattara : 5%.
Bien évidemment, comme à son habitude, la CEI, à la solde de Monsieur
Alassane Dramane Ouattara, a falsifié ces vrais résultats.
En toute responsabilité, le Comité Central, en sa session du 11
novembre 2016, a indiqué, après consultation des Fédérations dans les
régions, que le FPI ne doit pas participer aux prochaines élections
législatives. Les raisons qui justifient cette décision sont les
suivantes :
1.Les questions de principe qui ont motivé la non-participation aux
élections de 2011, 2013 et 2015 ne sont pas encore résolues :
•La configuration de la CEI (très déséquilibrée en faveur du RHDP :
13 membres sur 17 sont pro-Ouattara) et la partialité avérée de son
président, Youssouf Bakayoko, indiquent bien que l’égalité des
candidats, leur liberté, leur sécurité et la transparence des opérations
ne seront point garanties. A ce propos, la Cour Africaine des Droits de
l’Homme et des Peuples (CAfDHP) vient de déclarer en son arrêt
n°001/2014 du 18 novembre 2016, que « la CEI est discriminatoire envers
l’opposition et les candidats indépendants ». De cet arrêt de la Cour
africaine, le FPI considère que le pouvoir doit tirer les conséquences
suivantes :
•Les élections organisées depuis 2014 doivent être annulées
•Les législatives à venir doivent être suspendues
•La CEI doit être réorganisée avant toute autre élection.
•Depuis le 11 avril 2011, le président Laurent Gbagbo est prisonnier
du régime Ouattara à la CPI. De nombreux militants du FPI et autres
opposants sont également détenus de manière arbitraire depuis de
nombreuses années. Les arrestations sans fondement et autres actes
d’intimidation des membres du Parti et des autres démocrates se
poursuivent ;
•De nombreux camarades contraints à l’exil ne sont toujours pas
rentrés au pays du fait des graves menaces qui pèsent sur leur vie ;
ceux qui ont osé comme Hubert Oulaye et Assoa Adou ont été immédiatement
arrêtés et incarcérés sans jugement ;
•Le mauvais découpage électoral qui assure un avantage mécanique confortable au RDR dans le nord du pays ;
•La question de la sécurité des Ivoiriens en général et des militants
du FPI en particulier reste préoccupante depuis avril 2011. En effet,
comment, dans la pratique, les éventuels candidats du FPI, déjà menacés
par le régime et ses milices, pourront-ils faire campagne sans risquer
d’être violentés par les supplétifs FRCI, les DOZO et « les Microbes »
du pouvoir Ouattara ?
•Les listes électorales qui doivent servir pour les législatives ont
été établies de manière unilatérale, par le régime Ouattara dont la
culture établie est d’organiser la fraude. Ces listes ont été
confectionnées en dehors du regard critique du FPI et des autres
formations politiques. Or, un processus électoral, pour être légal,
régulier et crédible, doit respecter des textes et des principes ; en
particulier, la confection des listes électorales doit toujours faire
l’objet de consensus au regard de son caractère extrêmement sensible.
Les listes qui seront utilisées pour les prochaines législatives ne
peuvent donc être fiables ;
•Une élection suppose une campagne qui est un lieu de débats
contradictoires. Or, toutes les élections organisées sous le pouvoir
Ouattara et particulièrement l’expérience du vote référendaire du 30
octobre 2016 montrent bien que le pouvoir est hostile à l’expression des
idées qui ne proviennent pas de lui ; alors que dans une société qui
aspire à la démocratie, les citoyens ont le droit de se rassembler et de
s’exprimer, voire protester pacifiquement contre les politiques mises
en œuvre par les gouvernants. Sous le régime Ouattara, les
manifestations publiques du FPI et de l’opposition réelle sont
systématiquement, soit réprimées avec violence par les forces
gouvernementales, soit attaquées par les milices privées du pouvoir;
•La question de la presse et des médias est d’une grande importance
pendant une période électorale. Or, depuis avril 2011, à l’exception de
l’opposition choisie par le régime, l’opposition réelle, en particulier
le FPI, n’a pas accès aux médias publics. En outre, le Conseil National
de la Presse (CNP), dans sa volonté de créer un déséquilibre dans le
débat politique, a une propension sadique à suspendre la presse privée
proche du FPI, à chaque période où l’opinion nationale et internationale
cherche à connaître la position du Parti sur le sujet de l’heure ;
•C’est donc en réalité la liberté d’opinion, de parole et
d’expression du FPI que le CNP tente de remettre en cause, en servant
outrancièrement les intérêts d’un régime antidémocratique, nostalgique
du parti unique et de la pensée unique.
2- Le refus du FPI de reconnaitre la constitution de Monsieur Ouattara se fonde sur :
•La procédure antidémocratique, solitaire et unilatérale de l’octroi, par laquelle elle a été établie ;
•L’adoption par le régime du système des bulletins multiples, qui
ouvre la voie aux achats de consciences, aux intimidations, aux menaces
de tous genres, en violation de la loi électorale en vigueur, qui exige
que le vote ait lieu avec un bulletin unique fourni par la Commission
Électorale Indépendante ;
•Le caractère illégitime de cette constitution votée seulement par 5% des électeurs.
Au regard de ce qui précède, les militants du FPI, considérant les
prochaines élections législatives comme le premier acte de la mise en
place des institutions de l’imaginaire « troisième république » ont
librement, pour des raisons de cohérence et par considération pour le
peuple de Côte d’Ivoire qui leur fait confiance, adopté au Comité
Central du 11 novembre 2016, la décision politique de ne pas prendre
part aux prochaines élections législatives organisées par le régime
Ouattara.
DANS LA LUTTE ET DANS L’ESPOIR, LA DEMOCRATIE TRIOMPHERA
Je vous remercie de votre attention
Fait à Abidjan, le 1er décembre 2016
Pour le Front Populaire Ivoirien
Le 1er Secrétaire Général Adjoint,
Porte-parole par intérim
Kone Boubakar
SOURCE :ivoirebusiness
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