Beaucoup de femmes et de filles au
Burundi n'arrivent pas à se procurer des serviettes hygiéniques lors des
périodes de menstrues, faute de moyens financiers. C'est souvent une
raison pour des milliers d'élèves de ne pas aller à l'école.
Pour répondre à cette préoccupation, une ONG locale a décidé de fabriquer et de distribuer gratuitement une serviette hygiénique lavable et réutilisable.
Les règles ou menstrues sont un sujet tabou au Burundi, comme tout ce qui est lié au sexe. Mais certaines élèves ont accepté de faire quelques confidences à BBC Afrique. C'est le cas de Louise (nom d'emprunt). A la sortie de ses cours, elle a fait part de ses désagréments en période de menstrues, car sa famille était incapable de lui offrir 1 500 francs burundais chaque mois, moins d'un dollar US, pour acheter des serviettes hygiéniques.
"Quelquefois, confie-t-elle, je ne trouvais pas d'argent pour les acheter, j'étais obligée de contracter une dette. Et quand je n'en trouvais pas, j'utilisais les petits morceaux de pagne. Et cela me causait beaucoup de difficultés. Quand je les portais, j'avais des taches sur les habits. J'étais obligée de toujours vérifier s'il n'y avait pas une tache, ça me gênait beaucoup. Parfois, je rentrais avant l'heure parce que je ne pouvais pas me changer à l'école."
Le manque de serviettes hygiéniques impacte la scolarité de ces filles, car elles sont obligées de s'absenter de l'école durant la période des menstrues. Epiphanie Mugoroka, enseignante à Gatumba, explique qu'en général, "il y a des absences, mais comme on n'a pas fait une enquête, on ne peut pas connaître le nombre exact de filles absentes". "Il y a des filles qui viennent dire qu'elles sont malades. Et si on leur demande des justifications, elles ne peuvent pas en trouver parce qu'elles n'ont pas été à l'hôpital et ne peuvent donc pas fournir un dossier médical."
Pour répondre à cette préoccupation, l'ONG Sacode a lancé en 2015 cette serviette lavable et réutilisable appelée "agateka", c'est-à-dire "dignité". Alain Joseph Hatungimana, chargé du suivi et de l'évaluation des initiatives de Sacode, dit comment cette organisation a pu identifier ce besoin des jeunes filles.
Dans les ateliers de Sacode, une vingtaine de jeunes filles fabriquent les serviettes hygiéniques lavables et réutilisables, que l'ONG distribue aux filles et femmes considérées comme vulnérables. La serviette "agateka" est faite de trois couches, un tissu de coton en contact avec le corps, un morceau d'essuie-main pour contenir le sang et, en dessous, un sachet en plastique.
Pour les bénéficiaires comme Aziza, la serviette "agateka" leur apporte le confort dont elles ont besoin pour poursuivre facilement leur scolarité. "Je suis maintenant contente, car je ne m'absente plus à l'école. Lorsque je l'utilise à l'école, je peux rentrer sans me préoccuper des taches sur les habits, je n'ai pas de problème pour marcher, et ça n'irrite pas non plus ma peau. Je l'utilise aussi longtemps que je veux."
Avec le soutien du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et des partenaires locaux, l'ONG Sacode fabrique 900 serviettes "agateka" par jour. Plus de 10 000 jeunes filles et femmes ont reçu gratuitement un kit constitué de cinq serviettes qu'elles peuvent utiliser pendant trois ans.
Au Burundi, le nombre de femmes et de filles qui n'ont pas accès aux serviettes hygiéniques n'est pas connu. Beaucoup de familles pauvres ne peuvent pas consacrer chaque mois 1 500 francs burundais à l'achat d'un paquet de serviettes.
Le rêve de Sacode est de pouvoir glisser dans le cartable de chaque adolescente burundaise un kit de serviettes hygiéniques "agateka". Car, cet outil est aussi nécessaire que les stylos et les cahiers, selon les responsables de cette ONG.
SOURCE : bbc
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