Pourquoi les métropoles européennes sont-elles pleines d’africaines
et d’africains au regard hagard, au sourire contrit, désemparés,
mendiant, pauvrement vêtue, vendant à la tire, « bossant » durement, le
balai à la main, la pelle au bout du bras, fouillant la benne à ordures
derrière le restaurant ? Quel désespoir incommensurable a bien pu
chasser ces êtres admirables hors de leurs terres ensoleillées – qu’ils
apprécient tellement – et les a poussé sur les chemins de l’exil pleins
de périls pour aboutir sous le pont Mirabeau, sur la Grande Place,
derrière le Parthénon, autour du Colisée, sur Piccadilly Circus et face
au Reijks Museum (1) ? Leur exode risqué
s’est amorcé il y a quelques années au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en
République Démocratique du Congo, au Burkina Faso, au Kenya, en Somalie,
au Mali ou au Rwanda, peu importe ; il a toujours débuté là où leur vie
était menacée, puis par monts et par vaux, à pied, en car, en auto ou
en bateau, la longue caravane des déshérités s’est ébranlée laissant ça
et là son tribut d’éclopés, d’affamés, d’épuisés, de morts vivants, dans
le grand désert brûlant, sur les chemins de brousse mal famée, dans
l’océan déchaîné jusqu’à Ceuta l’insolente, Tripoli la décadente,
Alexandrie la révoltée, ou Tunis la tragique. Là, les derniers rescapés
de ces sentiers de souffrance se feront offrir à gros prix, par un
passeur malapris, de compléter la traversée du continent de la faim vers
un illusoire paradis pour les démunis où ils iront grossir les rangs
des exclus de la « prospérité » tapageuse et surfaite. Nul ne sait
encore sur ce rafiot de la mort qu’au bout de ce chemin de Calvaire sur
les flots mortifères, la dernière épreuve sera d’être arraisonnée avant
que d’être retourné sur leur chemin d’amertume, ou alors d’être enfermé
dans des camps de fortune ! Pourquoi tant d’immigrants africains
affrontent-ils le désert, l’océan et la mer, les garde-côtes et les
passeurs tueurs pour migrer vers l’Europe ce continent de malheur ?
C’est que dans les pays africains de misère, où les compagnies minières
pillent le minerai précieux et dispendieux, elles n’abandonnent rien aux
crève-la-faim, si bien qu’après avoir travaillé pour presque rien, dans
ces charniers de l’enfer les fils de l’Afrique, s’ils n’y sont pas
trépassé, entreprennent la traversée de la jungle, des savanes, des
déserts, des barbelés, de la mer meurtrière afin d’aller gagner quelques
deniers à expédier à la parenté restée sous le tir des troupiers, des
mercenaires Djihadistes des pays impérialistes, et sous les bombes
anti-personnel des terrassiers, ou sur la plantation de café-exporté,
mal payé, ou au fond d’un trou de mine-assassine. Qui sait en Occident
que depuis plus de dix ans plus de cinq millions de congolais sont morts
sous les balles de milices tribales, des mercenaires des minières
occidentales, de la soldatesque étatique meurtrière ? (2)
Le pillage du coltan
Nous ferons la démonstration de ce crime sanglant à partir de
l’exemple du coltan. Le coltan (métal rare, indispensable à la
fabrication de téléphones cellulaires et de téléviseurs) est extirpé des
puits de mines artisanales en République Démocratique du Congo (80 %
des réserves mondiales), puis, aussitôt exproprié et exporté vers les
usines de transformation d’Europe, d’Amérique et surtout d’Asie (3).
C’est la transformation industrielle du minerai qui crée de la
plus-value et de la valeur marchande d’où les capitalistes tirent leurs
profits industriels et mercantiles et l’État tire ses impôts et ses
taxes (le kilo de coltan traité se vend 500 $ sur le marché).
L’extraction minière du coltan rapporte très peu. Le salaire d’un mineur
de la mort dans la province du Kivu (RDC) se situe entre 10 $ et 50 $
par semaine, ce qui est tout de même le quadruple du salaire congolais
moyen (10 $ à 50 $ par mois). Un mineur extrayant en moyenne 1 kilo de
coltan par jour, 7 jours par semaine, reçoit donc pour sa peine un
salaire hebdomadaire médian de 35 $ contre une production de 7 kilos x
500 $ = 3 500 $, soit un pourcent de la valeur marchande. Vous croyez
que les ouvriers d’Afrique reçoivent leur juste part des richesses que
les entreprises multinationales leur spolie ? Combien de bourgeois
s’inquiètent de ces « voleurs » de noirs africains ! Les voleurs sont
dans les bureaux climatisés des multinationales minières. Que les États
capitalistes cessent de distribuer la charité aux africains mal-aimés.
Que la Banque Mondiale, le FMI et les grandes banques d’affaires
internationales cessent de prêter de l’argent pour les endetter pour
l’éternité aux États africains larbins et qu’ils laissent les salariés
africains bénéficier des richesses continentales et ils seront
prospères. Pour ce faire il faudra instaurer un nouveau mode de
production dans l’Afrique toute entière. En moyenne chaque kilo de
coltan coûte la vie à deux enfants mineurs au Kivu-Congo ravageur, peu
importe la langue, l’ethnie ou la religion de ces jeunes souffre-
douleurs. Ces enfants meurent sous les éboulis dans des mines
artisanales délabrées. L’internationalisme de l’exploitation capitaliste
sévit au Congo dans toute son ignominie. Les troupes du Rwanda, de
l’Ouganda et du Burundi – armées et financées par des multinationales
des nouvelles technologies comme Apple, Nikon, Sony, Nokia, Ericsson et
autres monopoles occidentaux– occupent la région du Kivu afin d’y
exproprier le coltan exploité par de misérables flibustiers armés avec
la complicité des généraux – seigneurs de guerre congolais, rwandais et
ougandais. Le corsaire du coltan Laurent Nkunda, vous connaissez ? On
en parle encore au journal télévisé (4). L’échauffourée tribale et
nationaliste n’est ici que le Gris-gris de pays conquis et des
petit-bourgeois européens et américains aigris chantant le salut de la
patrie par le sang des Partisans. La journaliste Belge Colette Braeckman
constate ceci : « A Kivu, une vingtaine d’avions chargés de
minerais décollent chaque jour pour le Rwanda (qui selon l’ONU a empoché
250 millions $ de la vente de coltan NDLR). On peut y croiser des
enfants qui travaillaient dans les mines et qui se sont échappés. Ils
vous racontent comment ils se sont fait kidnapper sur le chemin de
l’école. Tout le monde le sait, mais personne ne fait rien, même pas les
Nations unies. Ce trafic ne va pas s’arrêter de sitôt. L’armée
congolaise n’est pas efficace – c’est un héritage de Mobutu – et les
généraux bénéficient aussi de ce business. Ils disent aller à Kivu pour
faire la guerre, mais ils y vont aussi pour s’enrichir. Chaque faction,
l’armée congolaise, les milices tutsies, etc. tous profitent de cette
situation et n’ont pas intérêt à la changer » (5). En corolaire de
ces salaires de misère, chacun se rappellera de l’assassinat de 34
mineurs Sud-africains – soi-disant libérés de l’apartheid – par la
police raciste d’Afrique du Sud pour cause de grève ouvrière visant à
hausser un salaire de 400 euros par mois tout compté. Ça s’appelle
mourir de faim en peinant durement (6). De tels salaires de
crève-la-faim n’assurent même pas la reproduction élargie de la force de
travail. En d’autres termes, plus l’ouvrier africain travaille et plus
il s’approche de la mort par lente inanition. Ces salaires n’assurent
pas non plus l’édification d’un marché national conséquent sur lequel
s’appuierait la bourgeoisie marchande locale pour assurer l’accumulation
nécessaire du capital constant (Cc) puis l’embauche de salariés à
exploiter (Cv) et le « Take off » capitalistique industriel moderne. Il
en résulte que dans la division internationale du travail induite par
l’impérialisme dominant (du moins jusqu’à présent), l’Afrique a
toujours détenu le rôle de fournisseur de matières premières. Au début, à
titre de fournisseurs de bêtes de somme – esclaves valant moins que
leur poids de céréales – puis, fournisseur de bois précieux, de coton et
de denrées alimentaires spoliés sur des plantations expropriées aux
autochtones comptant pour moins que rien dans ce marché. Enfin, on
assiste aujourd’hui à la spoliation des minéraux rares (dont le coltan),
des pierres précieuses et du pétrole (10% des réserves mondiales) dont
les travailleurs locaux ne tirent pratiquement aucun bénéfice.
Les pilleurs étrangers protégés par leurs serviteurs nationaux
Un service de garde chiourme des intérêts locaux des compagnies
impérialistes étrangères (dont canadiennes) est assuré par une caste de
prédateurs – rois nègres cravatés, généraux de carnaval en képi
–entourés de meurtriers, de repris de justice, de mercenaires
djihadistes parfois, et de corsaires déguisés en militaires – mis au
service de clans négriers appointés par quelques grandes entreprises
monopolistes – les dits monopoles miniers – solidement abouchés aux
ambassades occidentales de leur pays d’origine affectées dans ces
contrées saignées à blanc. Voilà le résultat des guerres de « libération
nationale » et du mouvement anticolonialiste bourgeois pour le « droit
des peuples à disposer d’eux-mêmes » dont la go-gauche bourgeoise s’est
faites la complice. Tant que le président-nègre local accomplit
correctement son travail d’adjudant et tant qu’il réfrène ses appétits
de gourmand – n’espérant jamais devenir aussi gros que la multinationale
de la fable – et tant qu’il sait embrasser la main qui le maintient sur
son trône de paille – sa réélection « démocratique » minable est
assurée. Que le goinfre prétentieux tente un jour de redresser l’échine
et de s’affranchir de cette tutelle dominatrice et de ces accointances
prévaricatrices; ou qu’il manigance quelque nouvelle alliance avec une
nouvelle puissance (pensons à Gbagbo en Côte d’Ivoire ou à Kadhafi en
Libye ou à Kabila en RDC, à Ben Bella en Algérie) et alors, les foudres
de l’enfer « démocratique » des puissances impérialistes hypocrites
s’abattent sur leur adjudant récalcitrant en tourment. L’élection hier
encore « démocratique » est aussitôt invalidée par l’Élysée – la Maison
Blanche – Downing Street ou le Reichstag allemand – de la dite «
communauté internationale » et l’opposant complaisant décrété gagnant
sur-le-champ. Le « démocrate » d’hier devient à présent le tyran, l’ami
et l’allié du passé devient usurpateur et les bombardiers et les drones
téléguidés depuis les capitales occidentales fauchent soudainement les
vies de ses alliés et de ses mercenaires affrétés, ainsi que le palais
princier tout à coup outrancier après trente années tolérées au milieu
de cette misère mortifère. Un polichinelle d’un autre clan sera juché
pour un temps sur le trône chambranlant – quelques criminels de guerre
seront promus généraux d’opérette, les malfrats – garde – du corps de ce
prétendant deviendront officiers d’intendance, chargés d’assurer la
loyauté de ce nouveau métayer de la corvée présidentielle – qui consiste
essentiellement à signer les décrets de prospection et d’exploitation
des claims miniers, pétroliers et forestiers et les contrats d’achat
d’armements afin d’assurer la reproduction élargie du pouvoir compradore
soumis. En 2016, les gouvernements polichinelles de l’Afrique misérable
dépenseront 30 milliards de dollars US en armement, des armements
requis pour écraser les révoltes des travailleurs du continent.
La petite et la moyenne bourgeoisie africaine « socialiste »
L’économie nationale des pays africains étant dominée et spoliée par
les pays impérialistes mondiaux (occidentaux, russe et chinois), la
petite et la moyenne bourgeoisie nationale africaine, fragile et
instable, n’a souvent pas grand accès aux prébendes, aux bakchichs, aux
postes administratifs, gouvernementaux, judiciaires et militaires
lucratifs, ni à la propriété foncière réservée à la grande bourgeoisie
compradore. Ces fragments de classes sont donc aigris et menacés de
paupérisation et d’éradication tout comme leurs cousins nord-américains
et européens. La tentation est alors très grande pour ces sections de
classes moribondes de lancer les peuples dans la révolte aventurière
sous le sceau frauduleux du « socialisme » – l’Angola, l’Algérie,
l’Éthiopie, le Burkina Faso, l’Afrique du Sud, le Congo sont de ces pays
qui ont connu de ces guerres « populaires » pour asseoir le pouvoir de
charlatans et de leurs sectes de prétendants moyens et petits bourgeois.
On sait aujourd’hui ce qu’il advint de ces tyrans pseudo-socialistes.
Parfois, le néo-colonisateur ne laisse pas assez à boire et à manger,
pas suffisamment de prébendes alléchantes pour satisfaire tous les
larbins locaux vainqueurs du précédent gouvernement si bien que le
partage du butin devient source de conflits sanglants entre pirates
tribaux sous le regard attendri des « Observatoires de la bonne
gouvernance ». C’est ce qui s’est produit à Abidjan entre Ouattara
l’adjudant et ses sergents d’apparat dont certains ont été abandonnés
dans le caniveau au Ghana et au Burkina Faso d’où les assassinats à la
frontière du domaine convoité et contesté. Le prolétariat n’a rien à
faire de ces guerres entre hyènes et chacals.
L’AFRICOM mène la charge
Notez que les puissances impérialistes ne font pas confiance à cette
engeance de larbins locaux pour maintenir l’ordre et le pouvoir de leur
maître sur ces contrées convoitées. Aussi, les États-Unis ont-ils
imaginé une superstructure militaire contraignante – L’AFRICOM – pour
représenter et organiser la défense de ses intérêts dans la région – et
pour embrigader, contrôler et entraîner ces va-nu-pieds déguisés en
armées de métier. L’AFRICOM organise et supervise les efforts de guerre ;
de maintien de l’État de guerre permanente ; d’extraction des
ressources naturelles ; de spoliation du travail salarié et de sa
plus-value. Pour ne pas avoir accepté d’embrigader son armée dans
l’agression en préparation au Nord du Mali le Président de Mauritanie a
bien failli y laisser la vie. Il semble qu’après l’attentat à demi
réussi, il ait enfin compris. L’attaque contre le Mali aura bien lieu,
supervisée par l’AFRICOM et menée par la chair à canon régionale (7). En
2007, le conseiller du département d’État étasunien, le Dr J. Peter
Pham, a affirmé que les objectifs stratégiques d’AFRICOM consistaient à «
protéger l’accès aux hydrocarbures et autres ressources
stratégiques abondantes en Afrique. [La] tâche [d’AFRICOM] consiste à
protéger la vulnérabilité de ces richesses naturelles et s’assurer
qu’aucune tierce partie comme la Chine, l’Inde, le Japon ou la Russie
obtiennent des monopoles ou des traitements de faveur » (8).
Une solution aux problèmes du prolétariat de l’Afrique ?
Par les temps qui courent, les peuples africains, loin de se
reprendre en main et de mener à bien leurs luttes de libération contre
la domination néocoloniale impérialiste, et surtout contre leur
bourgeoisie compradore nationale organisée en castes autour de généraux –
seigneurs de guerre complaisants – laissent plutôt tous ces vauriens
offrir leur service d’homme de main aux différentes puissances
impérialistes hégémoniques. Aujourd’hui en Afrique, certaines des
anciennes puissances coloniales sont réapparues sur le devant de la
scène, concurremment à leur allié et concurrent étatsunien déclinant,
face à la Chine, nouvelle puissance impérialiste ascendante. En 2012, la
Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique devant
les USA et la France. La Chine impérialiste a construit le siège social
de l’Union Africaine, elle investit chaque année des milliards de
dollars en projets routiers et ferroviaires. Elle exploite les mines et
le pétrole et change la donne en construisant des usines – clés en main –
en Éthiopie notamment, créant ainsi un prolétariat africain au Nord du
Continent, complément au prolétariat de l’Afrique du Sud. Ce sont là
d’excellentes nouvelles pour la classe révolutionnaire africaine qui
voit ainsi grossir ses rangs (9). Si vous souhaitez combattre les sectes
religieuses intégristes, et leurs sponsors, comme la Chine, construisez
des usines en Afrique et un jour le prolétariat africain les chassera
tous du continent. Voilà, résumées en quelques lignes, les causes
fondamentales du misérable exode africain vers l’hémisphère Nord. Les
puissances impérialistes absorbant l’usufruit des ressources naturelles
et expropriant une large part de la plus-value ouvrière et paysanne
ainsi que les revenus des États croupions, il ne reste pratiquement rien
pour la survie de ces populations. Aussi, plutôt que de se laisser
mourir les africains s’enrôlent dans les milices djihadistes ou tribales
ou encore ils suivent la trace de leurs richesses jusqu’au Nord de la
Méditerranée. Peut-on changer ce désordre des choses ? Oui, certainement
! Il revient aux ouvriers et aux mineurs, ouvriers, travailleurs des
champs, métayers et artisans de s’organiser loin de l’aristocratie
bureaucratique locale, aussi loin que possible de la petite et de la
moyenne bourgeoisie nationale – fuyant comme la peste les intellectuels
hâbleurs et pédants – pour diriger leurs coups meurtriers visant à
renverser les commettants locaux de la classe capitaliste monopoliste
internationale (10).
SOURCE :afrikipresse

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire