WASHINGTON (AFP) -
L'accession de
Donald Trump à la Maison Blanche va s'effectuer à l'ombre de lourds
nuages judiciaires, l'homme d'affaires étant la cible de nombreuses
actions en justice qui pourraient réduire sa capacité à gouverner.
Alors
que le magnat de l'immobilier rencontrait Barack Obama dans le Bureau
ovale jeudi et visitait le Capitole à Washington, ses avocats étaient à
l'oeuvre à l'autre bout du pays, en Californie, dans le cadre d'un
procès à propos de la défunte Université Trump, accusée d'avoir trompé
ses étudiants.
Dans cette affaire, le président élu s'en est pris à
plusieurs reprises au juge Gonzalo Curiel, le qualifiant de "Mexicain",
alors qu'il est né aux Etats-Unis, et affirmant que ses origines le
rendaient inapte à juger cette affaire de façon impartiale.
Le
procès doit commencer à la fin du mois, le milliardaire pourrait donc
être appelé comme témoin bien avant sa prise de fonction le 20 janvier.
A
New York, le procureur général de l'Etat, Eric Schneiderman, a aussi
lancé une procédure concernant l'Université Trump. Le magnat de
l'immobilier, habitué des arguties judiciaires et qui compte de nombreux
ennemis en affaires, a aussi sur les bras des accusations de
diffamation portées par un consultant politique, ainsi qu'une plainte
d'un opposant affirmant avoir été agressé au pied de la Trump Tower.
En
marge de tout cela, les finances de Donald Trump sont aussi sujettes au
fameux audit de l'administration fiscale et une de ses sociétés
poursuit un sous-traitant pour rupture contractuelle à Washington.
Et tous ces dossiers ne représentent qu'un petit échantillon des affaires en cours contre le président élu.
"Ce
sera l'une des nombreuses choses sans précédent à propos de la
présidence Trump", note Louis Seidman, spécialiste de droit
constitutionnel à l'Université de Georgetown.
Selon le quotidien
USA Today, Donald Trump et ses sociétés ont été confrontées ces trente
dernières années à plus de 3.500 actions en justice, qu'elles en soient à
l'origine ou qu'elles soient poursuivies, de gros procès d'affaires
jusqu'à des plaintes plus dérisoires en diffamation.
Depuis
l'annonce de sa candidature en juin 2015, au moins 70 actions en justice
ont été lancées, la moitié par l'homme d'affaires, l'autre moitié
contre lui, selon le journal.
La Trump Organization et un de ses avocats en Californie n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
- 'Constantes distractions légales' -
Même si le président américain est l'homme le plus puissant du monde, il peut quand même se retrouver devant un tribunal.
La
Cour suprême a statué en 1982 que l'ancien président Richard Nixon
(1969-1974) ne pouvait être poursuivi pour des actes accomplis dans le
cadre de ses fonctions. Mais quinze ans plus tard, elle a décidé que
Bill Clinton (1993-2001) pouvait être poursuivi au civil pour des actes
intervenus avant sa prise de fonction, dans l'affaire de harcèlement
sexuel lancée par Paula Jones.
Bill Clinton a ensuite échappé à
une destitution ("impeachment") en 1999 quand il a été accusé d'avoir
menti et d'avoir fait obstruction à la justice.
"Aujourd'hui la
loi en est restée à ce que la Cour a décidé dans cette affaire", dit à
l'AFP Bob Bennett, qui était l'avocat de Bill Clinton à l'époque. "Ils
ont estimé que le président ne disposait pas d'une immunité absolue dans
les procès civils".
M. Seidman note que les tribunaux ont souvent
ajusté leurs agendas pour faire face aux pressions de présidents en
exercice. Et la Cour suprême n'a jamais tranché sur le fait de savoir si
un président peut faire face à des poursuites pénales.
Mais les
nombreuses actions en justice en cours occupant M. Trump joueront
certainement un rôle sur son aptitude à gouverner, estime Louis Seidman.
"Se
dépêtrer de ces affaires sera pratiquement impossible. Il y aura de
constantes distractions légales. D'un côté il va entrer en fonction avec
tous les leviers du pouvoir", les républicains contrôlant l'exécutif et
les deux chambres du Congrès, reprend Louis Seidman. "Mais d'un autre
côté il arrive à la Maison Blanche en étant le président le moins
populaire de l'histoire, qui n'a pas remporté le vote populaire et avec
la moitié du pays qui le déteste".
"Le risque c'est qu'il réagisse
à ce type de problèmes en exerçant encore plus de pouvoirs. Toute la
question est de savoir si c'est un bon politicien", conclut-il.
SOURCE : france24

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