jeudi 1 décembre 2016

Procès Gbagbo-Blé Goudé : le témoin peine à se concentrer sur les questions

Lenteur des réponses du témoin, soucis techniques et problèmes de traduction, l'audience de ce mercredi 30 novembre a été quelque peu décousue. Monsieur Saydou Zouon avait en effet indiqué hier qu'il préférait déposer en Dioula et bénéficie donc de l'aide d’interprètes. Mais à plusieurs reprises, notamment dans la matinée, la défense a noté des distorsions entre les propos du témoin et leur traduction. « C'est très problématique », a noté le juge président, appelant à plus de vigilance.

Par ailleurs, le témoin, qui souffre de « problèmes de concentration », a été amené à faire plusieurs pauses. Il a également éprouvé des difficultés à répondre aux questions, soulevant des interrogations de la part de la défense. Mais un psychologue de l'Unité des victimes et des témoins a confirmé que le jeune était apte à répondre aux questions, malgré une grande fatigue.

Marche sur la RTI et mise en garde des forces de l'ordre

Sur le fond, Monsieur Saydou Zouon a évoqué la marche sur la RTI, lors de laquelle il a été blessé. Répondant aux questions de l'un des avocats de Laurent Gbagbo, le témoin a décrit en détail le déroulé de cette journée. Il a expliqué être parti de Youpougon direction Adjamé en compagnie d'un ami, afin de répondre à l'appel de Guillaume Soro.
Par ses questions, la défense a cherché à savoir si ce jour-là, les marcheurs avaient provoqué les Forces de défense et de sécurité (FDS), ce qu'a nié le témoin. Il a ainsi affirmé qu'il n'était pas au courant de l'interdiction de la marche. Cependant, en chemin, il aurait croisé à plusieurs reprises des membres des forces de l'ordre, qui ont tenté de lui faire rebrousser chemin. 

Rassemblés devant le siège du RDR, les marcheurs auraient notamment échangé avec des militaires. « Si vous ne quittez pas cette endroit, ce sera grave », aurait prévenu le gendarme. Interrogé par l'avocat, le témoin a assuré que personne parmi la foule n'avait répondu.
Mais en lisant sa déclaration antérieure, l'avocat a mis en lumière une version différente donnée par le jeune homme. « Quelle est la bonne version ? Est-ce que quelqu'un a répondu aux soldats ? », a demandé l'avocat. « J'avais oublié cela », s'est justifié le témoin, expliquant qu'effectivement, une personne avait répondu, provoquant la colère des forces de l'ordre.
La « fiabilité » du témoin pose question
Le témoin a raconté s'être dans un second temps dirigé vers le grand carrefour pour tenter de rejoindre la RTI. Chantant, les mains en l'air, le groupe de marcheurs qui l'accompagnait a été à nouveau bloqué par les forces de l'ordre. « On nous a dit de pas franchir le barrage, on ne l'a pas franchi », a raconté le témoin, expliquant que les militaires avaient lancé des gaz lacrymogène.
Là encore, Saydou Zouon a été confronté à sa précédente déposition, et l'avocat a souligné plusieurs changements dans son récit. « Parfois j'oublie certaines choses, s'est-il justifié. La déclaration au bureau de la procureure, c'est ça la vérité »« Vous n'aviez pas cette même tendance à oublier des choses à l'époque ? », a voulu savoir Andreas O'Shea, avant d'être interpellé par le président de la Chambre, qui réclamait des faits. « Toute la déclaration a été versée au dossier, nous avons intérêt à vérifier si les propos ne sont pas fiables », a insisté l'avocat.

Andreas O'Shea a donc poursuivi en posant de nombreuses questions de précision, toujours sur le même thème. Il a notamment voulu savoir comment le témoin, alors qu'il courrait dans la fumée des gaz lacrymogène, avait pu voir d'où venaient les tirs.
Celui-ci a répliqué « qu'il était conscient » et n'avait pas perdu ses repères. Il a ensuite relaté comment, pendant sa course, il avait senti sa jambe gauche se dérober sous lui, le genou ayant été touché par une balle. « Vous n'êtes pas en mesure de confirmer que personne parmi les marcheurs ne portait une arme ? » a demandé l'avocat de Laurent Gbagbo. « Je n'ai vu personne portant une arme », a répliqué le jeune homme.

En fin de séance, il a été question du « Commando invisible ». Le témoin a attesté n'en savoir que très peu sur le sujet. Il a simplement évoqué des « combats » entre jeunes et FDS à Abobo. « Vous avez participé à ces affrontements ? », a encore voulu savoir la défense. « Je n'ai pas pris part à cette lutte, j'étais blessé », a répondu Saydou Zouon.






SOURCE :lebabi

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