Lenteur des réponses du témoin, soucis techniques et problèmes de
traduction, l'audience de ce mercredi 30 novembre a été quelque peu
décousue. Monsieur Saydou Zouon avait en effet indiqué hier qu'il
préférait déposer en Dioula et bénéficie donc de l'aide d’interprètes.
Mais à plusieurs reprises, notamment dans la matinée, la défense a noté
des distorsions entre les propos du témoin et leur traduction. « C'est très problématique », a noté le juge président, appelant à plus de vigilance.
Par ailleurs, le témoin, qui souffre de « problèmes de concentration »,
a été amené à faire plusieurs pauses. Il a également éprouvé des
difficultés à répondre aux questions, soulevant des interrogations de la
part de la défense. Mais un psychologue de l'Unité des victimes et des
témoins a confirmé que le jeune était apte à répondre aux questions,
malgré une grande fatigue.
Marche sur la RTI et mise en garde des forces de l'ordre
Sur le fond, Monsieur Saydou Zouon a évoqué la marche sur la RTI, lors
de laquelle il a été blessé. Répondant aux questions de l'un des avocats
de Laurent Gbagbo, le témoin a décrit en détail le déroulé de cette
journée. Il a expliqué être parti de Youpougon direction Adjamé en
compagnie d'un ami, afin de répondre à l'appel de Guillaume Soro.
Par ses questions, la défense a cherché à savoir si ce jour-là, les
marcheurs avaient provoqué les Forces de défense et de sécurité (FDS),
ce qu'a nié le témoin. Il a ainsi affirmé qu'il n'était pas au courant
de l'interdiction de la marche. Cependant, en chemin, il aurait croisé à
plusieurs reprises des membres des forces de l'ordre, qui ont tenté de
lui faire rebrousser chemin.
Rassemblés devant le siège du RDR, les marcheurs auraient notamment échangé avec des militaires. « Si vous ne quittez pas cette endroit, ce sera grave », aurait prévenu le gendarme. Interrogé par l'avocat, le témoin a assuré que personne parmi la foule n'avait répondu.
Mais en lisant sa déclaration antérieure, l'avocat a mis en lumière une version différente donnée par le jeune homme. « Quelle est la bonne version ? Est-ce que quelqu'un a répondu aux soldats ? », a demandé l'avocat. « J'avais oublié cela », s'est justifié le témoin, expliquant qu'effectivement, une personne avait répondu, provoquant la colère des forces de l'ordre.
La « fiabilité » du témoin pose question
Le témoin a raconté s'être dans un second temps dirigé vers le grand
carrefour pour tenter de rejoindre la RTI. Chantant, les mains en l'air,
le groupe de marcheurs qui l'accompagnait a été à nouveau bloqué par
les forces de l'ordre. « On nous a dit de pas franchir le barrage, on ne l'a pas franchi », a raconté le témoin, expliquant que les militaires avaient lancé des gaz lacrymogène.
Là encore, Saydou Zouon a été confronté à sa précédente déposition,
et l'avocat a souligné plusieurs changements dans son récit. « Parfois j'oublie certaines choses, s'est-il justifié. La déclaration au bureau de la procureure, c'est ça la vérité ». « Vous n'aviez pas cette même tendance à oublier des choses à l'époque ? », a voulu savoir Andreas O'Shea, avant d'être interpellé par le président de la Chambre, qui réclamait des faits. « Toute la déclaration a été versée au dossier, nous avons intérêt à vérifier si les propos ne sont pas fiables », a insisté l'avocat.
Andreas O'Shea a donc poursuivi en posant de nombreuses questions de
précision, toujours sur le même thème. Il a notamment voulu savoir
comment le témoin, alors qu'il courrait dans la fumée des gaz
lacrymogène, avait pu voir d'où venaient les tirs.
Celui-ci a répliqué « qu'il était conscient » et n'avait pas
perdu ses repères. Il a ensuite relaté comment, pendant sa course, il
avait senti sa jambe gauche se dérober sous lui, le genou ayant été
touché par une balle. « Vous n'êtes pas en mesure de confirmer que
personne parmi les marcheurs ne portait une arme ? » a demandé l'avocat de Laurent Gbagbo. « Je n'ai vu personne portant une arme », a répliqué le jeune homme.
En fin de séance, il a été question du « Commando invisible ».
Le témoin a attesté n'en savoir que très peu sur le sujet. Il a
simplement évoqué des « combats » entre jeunes et FDS à Abobo. « Vous avez participé à ces affrontements ? », a encore voulu savoir la défense. « Je n'ai pas pris part à cette lutte, j'étais blessé », a répondu Saydou Zouon.
SOURCE :lebabi
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