ous un abri précaire dans un camp de fortune, vivant
dans une salle de classe depuis plus d'un mois ou dans une maison
partiellement détruite dans la ville de Jérémie, les sinistrés sont aux
abois.
Cela fait plus d’un mois que l’ouragan Matthew a ravagé la côte sud
de Haïti, laissant des dizaines de milliers de personnes totalement
démunies.
Marteau en main, grondant les enfants qui jouent avec les précieux
clous rouillés qu’elle a pu trouver, Fabienne Jacynthe se construit un
petit abri avec des tôles usagées.
« On est sur un terrain privé et le propriétaire nous a demandé de
partir mais, malgré ça, on s’installe car on n’a nulle part où aller »
explique la jeune mère célibataire de 20 ans. « Le père de mon fils est
mort l’an dernier, je n’ai pas d’argent pour payer quelqu’un, donc je
suis bien obligée de le construire toute seule » se résigne Fabienne,
gardant malgré tout le sourire.
Depuis début octobre, plus d’une centaine de sinistrés occupent ce
terrain vague au bord de la route qui mène à la ville de Jérémie, l’une
des plus affectées par l’ouragan.
Livrés à eux-mêmes, sans aucune assistance humanitaire ou sécurité, leur vulnérabilité est extrême.
« Si vous êtes dans ces abris de fortune, il y a de véritables
problèmes de protection » reconnaît John Ging, le directeur des
opérations du bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires
humanitaires (Ocha). « Nous devons garder les personnes les plus
vulnérables au centre de notre attention et nous assurer, qu’en 2016,
elles soient en sécurité, qu’elles ne soient ni exploitées ni violées,
ni victimes de violences » insiste t-il.
Dans ce camp informel qui prend forme jour après jour, Fabienne, qui
vit seule avec son fils de 3 ans mise sur la protection de ses
compagnons d’infortune.
« Ici, on se soutient les uns les autres pour assurer notre sécurité
car les autorités n’ont pris aucune démarche pour nous » regrette la
jeune femme. « J’ai appris à gérer cette peur car la situation est comme
ça, il faut qu’on fasse avec », se résigne-t-elle.
Au coeur de la ville de près de 100.000 habitants, la situation de centaines de femmes et d’enfants est tout aussi préoccupante.
Entassés dans les salles de classe du lycée public Nord Alexis, près
de 3.000 sinistrés survivent depuis plus d’un mois en trouvant à manger
grâce aux aléatoires distributions dans les environs.
Le bébé de Cristella Alcine dort sur une couverture posée sur le sol en béton où il est né il y a tout juste un mois.
« L’accouchement ne s’est pas bien passé du tout: les femmes qui
étaient là dans la salle m’ont aidée mais j’ai pas vu de médecin »
raconte l’adolescente de 16 ans assise dans la salle envahie de mouches.
« On m’a dit de donner de l’eau traitée à mon bébé mais c’est pas tous
les jours que j’en trouve ».
Inquiète pour la santé du nouveau-né, la mère de Cristella est très
remontée contre les autorités face à la menace d’évacuation qui se
profile.
Le ministère de l’éducation veut que les cours reprennent lundi dans
l’établissement qui est aussi ciblé par les autorités pour servir de
centre de vote pour les élections du 20 novembre.
« On nous a fait venir ici le dimanche avant le mauvais temps. Il
faut que l’Etat se débrouille parce que si c’est pour nous jeter à la
rue, il aurait dû nous laisser mourir dans le cyclone », s’énerve
Mirlande Alcine.
Les toilettes du lycée sont hors service depuis deux semaines et
l’éclairage installé dans la cours par la police ne fonctionne plus
depuis trois jours faute de carburant mais les sinistrés ne veulent
quitter les lieux sans garantie de recevoir le minimum pour réparer
leurs maisons détruites.
Pragmatiques, les personnes réfugiées dans l’école récupèrent l’eau
qui tombent des gouttières mais, quelques rues plus bas, cet orage qui
s’abat complique encore plus les vies des habitants dont les toits ont
été arrachés par les rafales de vents.
La planification urbaine étant inexistante en Haïti, comme nombre de
villes du pays, Jérémie enregistre régulièrement des inondations.
Un torrent d’eau chargé d’ordures a coupé la rue principale de la
ville et Marie-André Henri doit une nouvelle fois évacuer la boue qui a
envahi sa petite maison.
« Le cyclone a tout détruit, emporté toutes mes affaires et là, les
souliers que j’avais juste achetés pour que ma petite-fille retourne à
l’école sont maintenant partis dans la mer » enrage la femme de 61 ans.
« Il faut que quelque chose soit fait. On ne peut plus supporter ça »
soupire Marie-André.
SOURCE :jeuneafrique

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