lundi 7 novembre 2016

Nouvelle Constitution / Gilles Yabi (analyste politique): « Le contenu de la Constitution ne correspond pas à l’histoire récente de la Côte d’Ivoire »

Analyste et fondateur du West Africa Think Tank (Wathi), Gilles Yabi a donné son opinion sur la nouvelle Constitution ivoirienne sur les ondes de la radio britannique BBC

La véritable question pour une Constitution, c’est l’avenir du pays. C’est l’avenir des institutions. Ce n’est pas une question de pouvoir et d’opposition, c’est une question de discussions sur les réformes institutionnelles qui étaient nécessaires pour un pays qui a connu une décennie voire plus de crises. 


Est-ce que ce référendum ne vient pas affecter un peu le processus de réconciliation quand on voit une peu comment l’opposition ivoirienne commence à se relever?


Je ne sais pas si c’est le relèvement de l’opposition qui va être un indicateur de réconciliation ou d’absence de réconciliation. Par contre, je pense que l’élaboration d’une nouvelle Constitution était nécessaire au sortir d’une longue crise mais que, c’est une occasion manquée pour la Côte d’Ivoire d’avoir un véritable débat sur la responsabilité des acteurs politiques dans cette crise, sur la responsabilité des institutions et d’avoir une réflexion collective sur les véritables réformes institutionnelles qui étaient nécessaires pour la Côte d’Ivoire de demain. Travailler sur tout ce qui est électoral mai pas seulement. Travailler sur les moyens de  consolider une démocratisation qui est encore très récente en Côte d’Ivoire et de manière à améliorer le fonctionnement de l’Etat. Et, c’est en cela que pour moi, les conditions de ce référendum, le processus qui a conduit à ce projet de Constitution et le contenu lui-même  de ce projet ne correspondent pas à l’histoire récente de la Côte d’Ivoire et la nécessité qu’il y a avait d’avoir un débat beaucoup plus élaboré beaucoup plus approfondi  et de prendre le temps d’impliquer  tout le monde dans cette réflexion. L’opposition mais aussi, la société civile.


La question de l’ivoirité n’est toujours pas réglée alors?


La question de l’ivoirité ne se règle pas dans les textes. Elle ne sera jamais réglée simplement par une disposition sur l’éligibilité à la présidence de la République. Tous les débats sur l’article 35 étaient nécessaires. Mais, l’ivoirité, ça va plus loin que çà. C’est dans les têtes que ça se joue, dans le comportement des acteurs politiques. Dans la précision des règles et des institutions qui vont organiser la réconciliation nationale et qui vont finir par inscrit dans les texte qu’une société qui est multi-ethnique, qui est aussi diverse qui a cette histoire particulière doit avoir des institutions qui correspondent à cette diversité. 



SOURCE : infodrome

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